Exploratrice, orientaliste, écrivaine … ce ne sont pas les qualificatifs qui manquent pour décrire Alexandra David-Neel ! Figure fascinante du XXe siècle, c’était une femme d’une curiosité insatiable, parcourant le monde à la recherche de nouvelles expériences, de découvertes spirituelles et de compréhension des cultures lointaines. Elle est surtout connue pour être la première femme occidentale à pénétrer dans la cité interdite de Lhassa, la capitale du Tibet.
Passion dévorante
Asie et spiritualité orientale
C’est à l’âge de 18 ans qu’ Alexandra David Neel commença son périple autour du monde, visitant notamment l’Inde, le Japon, la Chine, la Corée et le Maroc. Ces premiers voyages allumèrent en elle une passion indéfectible pour l’Orient.
Au cours de ses pérégrinations, Alexandra David-Neel se plongea dans l’étude des philosophies orientales, s’intéressant particulièrement au bouddhisme tibétain. Elle s’immergea dans la culture tibétaine et apprit même la langue, ce qui lui permit de se lier d’amitié avec des lamas et des ermites tibétains. Ces rencontres influencèrent grandement sa vie et sa quête spirituelle.
Alexandra David-Neel passa plusieurs mois dans la cité interdite, étudiant les enseignements bouddhistes. Son livre, “Voyage d’une Parisienne à Lhassa”, décrit son incroyable périple et suscita un immense intérêt en Occident et fit d’elle une célébrité internationale.
De l’Asie à Digne-les-Bains
Après des années de voyage à travers le monde, c’est en 1928 qu’ Alexandra David Neel posera ses valises à Digne-les-Bains. Charmée par le calme paisible et la situation de cette petite ville au cœur des montagnes, Alexandra David Neel y fera l’acquisition de son unique demeure : Samten Dzong (Résidence de la Réflexion en tibétain). C’est ici qu’elle écrira une grande partie de son œuvre et partagera ses connaissances sur le bouddhisme tibétain et les cultures orientales.
Alexandra David-Neel renouvellera son passeport à ses 100 ans mais disparaitra quelques mois plus tard. Elle fit de Digne-les-Bains l’héritière principale de ses biens, manuscrits et droits d’auteur de plus de vingt-cinq titres traduits dans une vingtaine de langues.
La maison, qui n’était au départ pas conçue pour accueillir du public, a été peu à peu modifiée au cours des années. En 2016, la ville de Digne-les-Bains s’engage à lui rendre hommage et faire rayonner son patrimoine en entamant une série de travaux ayant pour but de restituer l’état d’origine de la maison. Le projet de réhabilitation et de mise en valeur du lieu portera sur 3 points :
- restaurer sa maison telle qu’elle était de son vivant en y intégrant ses objets du quotidien, son mobilier hétéroclite;
- lui dédier un musée conçu comme une traversée de sa vie d’aventurière féministe et libertaire ;
- restituer le jardin auquel elle était particulièrement attachée.
[Re]Naissance
Sa maison restaurée
Après une longue recherche de documentation historique, une étude stratigraphique a été conduite permettant de retrouver et dater les supports et couleurs originaux (années 1930-1950).
Cela a permis de rétablir le plan initial de la maison, de ses différents usages et de planifier plusieurs niveaux d’intervention.
- la restitution des espaces disparus ou modifiés par des nouveaux usages ;
- la restauration des lieux qui ont été conservés ;
- l’évocation des lieux pour lesquels il n’y a ni photographies ni témoignages.
Ainsi, deux pièces conservées dans leur état d’origine ont fait uniquement l’objet de mesures de stabilisation. Les autres espaces ont retrouvé leur éclat grâce à la reconstitution de divers éléments (décors, luminaires, sols ou cheminées).
Naissance
Un musée dédié
Parallèlement aux travaux de restitution de la maison à son état d’origine, un musée dédié à son travail et à sa vie permet, avant d’entreprendre la visite de sa maison, de mieux
faire la connaissance d’Alexandra. Ce musée offre une plongée captivante dans l’univers fascinant d’Alexandra David-Neel. Les collections retracent sa vie aventureuse, mettant en lumière ses voyages ainsi que sa passion pour la spiritualité et le bouddhisme. Des documents inédits (photographies, correspondances…) et objets rapportés de voyages viennent appuyer le propos muséographique, de l’enfance à son dernier grand voyage en Asie. S’appuyant sur la topographie des lieux, la muséographie invite les visiteurs à s’élever dans le bâtiment, par étape, comme le fit Alexandra David-Neel qui ira jusqu’au Pays des neiges.
Patrimoine vivant
Un jardin réaménagé
Alexandra David-Neel était très attachée à ses extérieurs et aimait s’adonner à de longues promenades méditatives autour de sa maison. Son jardin qui fait aujourd’hui moins de 1 300m² a été redessiné afin de lui redonner deux fonctions qui étaient importantes pour
elle : le jardin de roses et le verger-potager.
Ce jardin participe pleinement au parcours de visite liant la maison et le musée. Malgré de nombreuses modifications, certains arbres plantés dès l’achat de la propriété (tilleul de l’entrée, cyprès, marronniers) s’y dressent encore. Il s’agit de retrouver l’esprit du jardin de Samten Dzong en s’appuyant sur des documents photographiques et des écrits d’Alexandra David-Neel.